Kuchyně (tu prononces presque comme couchiné)

20140811_092301En République  tchèque (en surtout pas dire Tchéquie, ils détestent), la nourriture n’est pas d’une grande variété : porc sous toutes ses formes, poulet. Et plus localement du gibier, ou du poisson, du bœuf (cher), du mouton (rare). Des PdT (brambory), des choux (kapusta ou zelí ), du céleri rave (celer) des carottes (mrkev), de l’ail (Česnek), des poivrons blancs longs (paprika bílá), des racines de persil (miam), occasionnellement du poireau, du céleri branche.

20140730_155935Des abricots, des pêches, des fraises, des nectarines, des prunes, des pommes et des poires, et localement des framboises, des myrtilles, des groseilles, des cerises… Mais, au restaurant, l’accompagnement c’est pommes de terres sous toutes ses formes (vapeur, frites, suatées, en purée, en robe des champs…) galettes de pommes de terres ou encore quenelles aux pommes de terre (il faut être né là pour apprécier ces knedliky pain-pommes de terre…). Quand c’est fête, on peut trouver en accompagnement une assiette de légumes vapeurs ou grillés, mais vraiment quand c’est fête, cela se mérite.

Et alors au resto les recettes sont réinventées selon les produits locaux. Exemple à Prague au resto Thai Erawan :

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Les pousses de bambou sont en fait des tuiles de céleri. Les champignons sont locaux, les piments frais sont remplacés par des langues d’oiseau secs (cela arrache), la ciboulette chinoise (on dit mexicaine ici !) par des oignons verts frais. Cela réveille les papilles.

Sinon tu dois savoir que le midi tu prends une soupe (Polévka), sinon tu passes pour une martienne. La valeur sûre ici c’est la česnečka, une bouillon de viande et légumes avec de l’ail. Comme elle est « domácí « , faite maison (comme domus en latin, tu te souviens ?), elle n’a pas deux fois le même goût. Tu prends un plat et tu manges de la viande vaguement accompagnée. Et puis basta. Ah tu veux un dessert. Vraiment ? Mais non, ce n’est pas une bonne idée, le sucré c’est pour accompagner le café ou le thé d’après midi (tu auras ton café bien avant ta part de gâteau si tu oublies cet adage…)… En ce moment avec les myrtilles c’est crêpes à la myrtille, gâteau à la myrtille, tarte à la myrtille, tiramisu à la myrtille. Mais tu peux aussi demander un závin (oui oui tu pensais au strudel, mais c’est allemand/autrichien le strudel alors tu ne parles pas allemand, tu parles tchèque). Máte jablečný závin, prosím ? Ano !, te répond la dame et de t’apporter une part de gâteau entre 100 et 150 gr infusée de cannelle et souvent noyée sous de la smetana fouettée. Bon la première fois tu te trompes et tu demandes du Zázvor et tu fais rire la serveuse. Oui, oui elle a du zázvor  mais pas en gâteau, à boire. Gloups. Honteuse tu oses le strudel ? Et là (re)fou rire. Ano závin ! Morale ne jamais demander závin seul mais jablečný závin (aux pommes !) sinon tu as du gâteau roulé aux graines de pavot (mak), moins intéressant.

Mais en fait je te conseille de sauter le dessert, et surtout le café. Aussi pire qu’en France le plus souvent mais toujours servi allongé même quand tu demandes un spresso. Dommage parce que la carte des cafés est longue : café spresso, turc (je t’expliquerai pourquoi un autre jour), algérien (mystérieux), français (pas encore tenté), irlandais, cappuccino, café frappé….Demande plutôt une infusion. Les plusses meilleures du monde ! Heřmánkový čaj est mon meilleur ami (camomille). Et ici, thé, café, infusion c’est le même prix entre 1 et 2 euros…

Le lac Lipno

Un lac, le soleil, un ciel d’orage, les friselis de l’eau. Un peu plus loin un pêcheur méditatif. Un ponton au sec. Des brins d’herbes agités par le vent ou l’eau, va savoir. 40 kms de long rassemblés en quelques centimètres. Un monde minuscule.

Les sgraffites

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En république tchèque,  j’ai appris un mot. Sgraffite. Découvert à Cesky Krumlov et entériné à Prachatice, Prague en comporte beaucoup aussi mais je n’y ai pas prêté attention, pas encore.. C’est une technique décorative de la renaissance et qui a été réutilisée avec « l’art nouveau » .Tu construis ta maison en brique. Tu la recouvres d’un enduit puis d’une ou plusieurs couches de mortier de couleur. Et tu grattes. Tu enlèves ce dont tu ne veux pas. C’est un art par soustraction et visuellement c’est assez fabuleux !

« La surface du mur à décorer est enduite de trois couches de mortiers (constituées de sable et de chaux) superposées. La première est une couche de ragréage. Une couche de couleur foncée teintée dans la masse est ensuite appliquée, suivie d’une couche plus claire et plus fine.

Le motif est reporté dans l’enduit frais selon la technique du poncif ou par tracé appuyé à travers le calque. Les contours du dessin sont aussitôt incisés à l’aide d’un grattoir afin de révéler la couche de mortier inférieure. Un sillon foncé délimite alors les différentes surfaces du modèle qui font l’objet d’une mise en couleur. Certains détails peuvent être rehaussés d’or.  

Le nombre de couches et la composition du mortier, ainsi que la technique de mise en couleur, peuvent varier selon les ateliers. »

Source : Centre urbain

Dobrá en boucle

20140810_095119Je suis dans un chaloupy de « luxe » (pour les tchèques), en plein cœur d’une station de sport d’hiver, station de ski de fond dans le parc national de la Šumava. Mes voisins c’est l’auberge U NĚMEČKA, un nom en hommage aux voisins bavarois distants de quelques kilomètres. Anecdote, Německo (Allemagne en tchèque) vient de německy qui veut dire, mutique, muet. En langue tchèque, l’Allemagne c’est le pays des muets, traduire le pays des gens avec lesquels on ne communique pas…. depuis au moins le 16e siècle. Je ne suis pas assez calée d’histoire de ce peuple pour remonter à la source mais cela doit être intéressant.idem pour l’Autriche, ils ont un nom à coucher dehors (Rakousko), pour les autres pays d’Europe ils portent un nom proche du nôtre. Pas de lézard. France se dit Francie.

Hier nous avons décidé de profiter du beau temps et de faire un grand tour de bon matin dans le massif qui nous fait face, armés d’une carte de la région trouvée dans le chaloupy. Démarrage avec le tracé d’une piste de ski de fond, puis enchainement avec une piste cyclo, ensuite une piste piéton que nous n’avons pas trouvée, et fin par la route qui conduit devant la maison. Une grosse douzaine de kilomètres plus un AR dans une chapelle perdue au sommet dans une réserve classée « zone protégée ».

20140810_111458Nous avons vu beaucoup de cyclistes, beaucoup, de tous âges et majoritairement tchèques, mais quelques allemands ou autrichiens (faciles à reconnaitre, ils attendent que tu leur dises bonjour pour dire bonjour). Et puis les tchèques ont presque tous un panier, ou un sac, parce que la forêt est truffée de cèpes, de lactaires, de girolles et autres délices champignonesques. Nous n’avions ni panier, ni vélo, autant dire des extraterrestres.

Les tchèques (et les slovaques) sont des as de la signalisation des chemins. Le club français des Vosges peut aller se rhabiller en comparaison. On peut se balader sans carte, on est sûr d’arriver où on veut. Bon cela suppose quand même de connaitre le nom des localités ou lieux dits voisins, le nom des rivières (ici Studená Vltava, et teplá Vltava, la Moldau fraiche et la Moldau tiède) et quelques mots utiles comme vlak, le train. Une armée de panneaux sur des poteaux bien en vus, et souvent surmontés d’un petit chapeau pour les repérer de loin. Trop pratique.

Le parc national de la Šumava est un endroit assez unique, entre 570 et 1370 mètres d’altitude, longeant les frontières autrichiennes et bavaroises. Jusqu’en 1989 c’était donc une zone militaire, autant dire qu’elle est peu construite, et que la forêt qui couvre 80% du sol est très « sauvage ». Dans certaines parties les arbres sont bien plus que centenaires.

A trois km de la maison, il y a un chêne magnifique, isolé, équilibré, majestueux, à vingt pas de la forêt. Je pense qu’il faut être trois ou quatre pour faire sa circonférence. Il est d’une douceur incroyable.

Arbres tri ou quadricentenaires et habitat protégé. Une partie est classée réserve de biosphère par l’Unesco.Vivent là des loups, des lynxs, des loutres… Zone préservée donc et cela ne rigole pas. Exemple quand la Vltava a moins de 50 cm de profondeur, il est interdit de naviguer dessus. Entre 50 et 61 cm, 7 bateaux par heure max. Au-dessus de 61 cm, c’est beaucoup plus souple. La Vltava toute tranquille en Bohême, c’est elle qui a inondé Prague en 2002…

 

La forêt a 4 niveaux de règlementation. Du plus strict qui interdit toute activité humaine au niveau plus souple. Pour aller voir la chapelle  qui est dans un zone de reboisement, c’était niveau 1 : interdit de quitter le sentier, interdit de crier, interdit de cueillir et même les chevreuils ne sont pas bienvenus. Ils boulottent trop les jeunes arbres, la zone de la chapelle est entièrement grillagée et protégée par des portails anti vaches et chevreuils.

Là haut qu’elle ne faut pas notre surprise de tomber sur une horde de promeneurs assis pour picniquer ! Et hop demi tour.

La forêt est une réserve de nourritures pour tout le monde, à chacun sa table préférée (sans parler des girolles, des myrtilles…)

Peu d’oiseaux en comparaison des forêts françaises, mais en revanche il nous a semblé que la diversité de papillons et de libellules (trop rapides pour les photos) était plus grande.

 

20140810_131526Et pour les amateurs d’animaux, tous les 500 mètres environ, en lisère de forêt, des cabanes d’observation pour profiter de la faune riche. En théorie. Nous n’avons vu aucun animal sauvage ici à ce jour. Frustrant….

 

Pourtant nous avons à la maison un guide très bien fait qui nous explique les traces des animaux et comment reconnaitre le loup, le lynx…

Et en fin de balade une surprise amusante, le petit train qui passe dans la vallée… ambiance far west 🙂

Galerie

Zmrzlina et autres plaisirs

A Prague pour visiter, boire et manger, l’anglais suffit.Kolkovne prague central

Pour la vie quotidienne, faire son marché, acheter des timbres, souscrire un abonnement téléphonique, faire refaire des clés, changer la pile de la montre, demander son chemin, trouver une boutique, acheter un matelas… cela se corse !

Et pour parler tchèque, cela se corse aussi. La prononciation d’abord avec des sons qui n’existent pas chez nous comme le ř un espèce de r qui se roule en faisant tourner uniquement la pointe de la langue pour produire un « rje », le « ch » très proche du ich allemand mais un peu plus guttural – les cordes vocales ne vibrent pas, les lèvres non plus… L’accent tonique quasiment toujours sur la première syllabe. Fou rire des tchèques quand ils comprennent le mot que tu viens de réussir à prononcer mais pas avec le bon accent (tonique). En bons pédagogues, ils te répètent le son et là c’est toi qui rit parce que c’est vrai que cela ne ressemble pas toujours.

Apprendre à bien distinguer les voyelles courtes et les voyelles longues qui portent un accent aigu. Oublier la prononciation française du c, du h, du j, du q, du r, du s, du u, du ou, du au… Se présenter à l’accueil et demander quelqu’un en prononçant son nom à la française conduit immanquablement le réceptionniste à vous tendre un papier et un crayon. Pište prosim ! Maintenant je sais faire et on ne me demande plus d’écrire !

Bon et puis comme le dit joliment ma prof, en tchèque on n’a pas trop besoin des voyelles… ben non, il suffit de prononcer toutes les lettres puisque c’est cela la clé. Le Français est bien plus difficile, avec les lettres dont on ne sait jamais si elles se prononcent ou pas (elle parle français, anglais, allemand, tchèque, lituanien et espéranto !). Zmrzlina désigne la glace ou le sorbet, mais c’est un peu intimant, non ? Et que dire de Čtvrtek, le mot pour désigner jeudi. A proscrire de son agenda pendant quelques mois (plus délicat encore avec čtyři qui désigne 4). Comment résister à l’appel du Trdelník, sorte de brioche en serpentin qui cuit à la broche qui embaume en cuisant dans la rue….

Une fois la prononciation acquise c’est le plongeon dans le grand bain de la complexité : trois genres (masculin, féminin, neutre – et le masculin a deux forme masculin animé ou inanimé….), sept déclinaisons (le latin est une aide précieuse !), les mots (les noms, pronoms, et adjectifs) se déclinent selon leur rôle dans la phrase et les désinences sont différentes pour les noms les pronoms et les adjectifs…(exemple : bílé pero (neutre) pour un crayon blanc, et Bílý dům (masculin) pour Maison Blanche.  Mais moderní dům ou moderní pero quand l’adjectif est un mot « importé »…La désinence de la déclinaison change aussi selon que la dernière syllabe est « dure » (student) ou « molle » (muž)… sinon ce serait trop simple. Les verbes suivent une conjugaison en trois groupes comme nous mais ils aiment jouer les irréguliers, franchement…Bref des listes à apprendre par cœur pour savoir selon quelle famille ils se conjuguent… Et je ne suis qu’au début de mon émerveillement !

Les verbes comment en allemand ou en latin sont suivis de mots à l’accusatif, au génitif, au datif ou à l’instrumental selon… le verbe ou son sens, et selon la préposition qui le suit… Et la morphologie du mot change selon la déclinaison comme les langues celtes… alors pas forcément facile de retrouver la racine du mot au nominatif pour le trouver dans le dictionnaire. Pohanka c’est le sarrasin, mais Pohanková mouka c’est de la farine de sarrasin… Deux formes de pluriel suivant le nombre qui précède le substantif… jedna koruna (une couronne), dva koruny (deux couronnes), mais osm korun (huit couronnes).

Quelques simplifications quand même: pas besoin d’article. Pas de pronom sujet car il est inclut dans la forme du verbe. Pište veut dire vous écrivez ! Pisu j’écris. Ouf.

Moralité c’est plus facile de comprendre que de parler ! sauf de mémoire…il suffit de répéter ! En revanche pour construire une phrase, j’ai le cerveau très lent et qui chauffe beaucoup… Les tchèques sont adorables, patients et indulgents, ils savent leur langue un peu ardue. Alors ils aident, ils encouragent beaucoup (surtout les femmes), on joue aux devinettes à deux, on mime et quand enfin on se comprend c’est bonheur ! Ils sont d’autant plus aidant qu’ils ne parlent pas anglais ou si peu… Après les salutations d’usage, je dis que je suis française, que mon tchèque (čeština) est épouvantable, et je demande si mon interlocuteur parle français (cela les fait rire), anglais (le sourire tombe d’un coup parfois) ou allemand (là les yeux deviennent perplexes !). La semaine dernière, mon interlocutrice slovaque hilare me répond qu’elle ne parle que tchèque, slovaque et italien ! Caramba !

Une grande découverte, parfois, les gens qui ne parlent pas anglais deviennent mutiques, désespérés, et parfois presque agressif dans l’échange, comme si ne pas parler leur faisait éprouver une grande culpabilité alors que parfois ils ont compris. Dernier exemple à l’office du tourisme, je demande où se trouve le village que je vois sur une carte postale. La femme s’enfuit presque et appelle à la rescousse un collègue et je comprends qu’elle lui dit que je cherche le village de L***. Je la regarde en souriant et je lui dis dans mon mauvais tchèque, oui, c’est où s’il vous plait ? Elle avait compris, elle avait une carte de la région dépliée devant elle, il suffisant de montrer. Étrange non ? A l’inverse ce matin, la vendeuse parlait dans un sabir d’anglais et de tchèque mais nous avons réussi à nous comprendre. Nous n’avions ni l’une ni l’autre honte de ne pas maitriser la langue de l’autre, mais envie et besoin de communiquer. Même si c’est approximatif.

RomanaAllez mluvím česky jenom trochu ale studuju češtinu v Praze ! (je parle un tout petit peu tchèque mais j’étudie le tchèque à Prague).

Hezký den nebo hezký večer.